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Danser avec son coaché ou de l’importance d’être un bon « cavalier »



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« Il a dansé avec son coaché » La première fois que j’ai entendu cette expression, elle qualifiait un coaching live qui s’était déroulé de manière particulièrement dense et harmonieuse.

Perdue au milieu d’un vocabulaire très technique, composé de RPBDC, de crispness, de OKness et autres grilles SCORE, cette métaphore donnait au coaching une dimension nouvelle qui pouvait prêter à questionnement : Serait-ce donc ça l’objectif ultime du coaching : réussir à danser avec son coaché ? Voilà une belle ambition, mais comment faire concrètement pour devenir un bon cavalier?

Passionnée d’équitation, ce mot de « cavalier » m’a amené à faire le parallèle avec l’art équestre dont l’objectif est la recherche permanente de l’harmonie avec son partenaire cheval. En me basant sur ma propre expérience et au regard du chemin parcouru depuis plus de 10 ans pour danser avec mon cheval, il me semble aujourd’hui qu’il est nécessaire de passer par trois étapes pour atteindre cet objectif: une première étape autour du geste, une seconde étape autour du mouvement et une troisième étape autour du rythme.


Une première étape pour saisir le geste


La première étape indispensable, en équitation comme en coaching, me semble clairement être l’acquisition des bases techniques.

Les outils de base du coach ICF sont les 11 compétences. Elles permettent de co-créer une relation de confiance, de mettre en place une communication de qualité avec le coaché et de faciliter son apprentissage.

Les outils de base du cavalier s’appellent les « aides ». Il s’agit de l’ensemble des éléments dont il dispose pour échanger avec sa monture. Poids du corps, mains, jambes et voix sont les aides naturelles, tandis que cravache et éperon sont les aides artificielles. Ce mot d’ « aides » conviendrait d’ailleurs également au coach et l’on pourrait distinguer les « aides naturelles » qui regrouperaient les 11 compétences de base et les « aides artificielles » qui réuniraient l’ensemble des grilles et outils complémentaires. L’apprentissage de l’ensemble de ces aides permet l’acquisition des gestes justes qui sont la base de la chorégraphie à venir.


Une seconde étape comme une mise en mouvement


La deuxième étape marque le passage de l’outil à la technique, de l’acquisition à l’appropriation. Cette appropriation va lentement émerger de la pratique et de l’expérience, et permettre à chaque coach d’intégrer les gestes au plus profond de lui-même. Comme le cavalier qui accède, petit à petit à ce qu’on appelle « l’indépendance des aides », le coach va acquérir la capacité d’utiliser les 11 compétences en pleine conscience, en fonction des besoins spécifiques de chaque coaché.

La maîtrise des techniques de base va lui permettre de coordonner ses gestes et de les utiliser de manière fluide afin d’accompagner au mieux la mise en mouvement du coaché, première étape indispensable au processus de changement.

Voilà comment Pierre Pradier, grand homme de cheval, décrit, d’un point de vue équestre, cette étape de collaboration avec l’animal :

« Par son sentiment artistique et son talent, par sa parfaite maîtrise de la technique, le cavalier aide le cheval à se trouver, à trouver ses bonnes cadences, ses attitudes justes, ses allures justes, repérant les difficultés et les palliant par un procédé adapté, dosant savamment les exercices et les assouplissements en fonction de l’état physique et moral de ce cheval. » (extrait de « Deflandre, écuyer de L’École des centaures »)

Qu‘en est-il si l’on remplace les mots cavalier et cheval par les mots coach et coaché ?

« Par son sentiment artistique et son talent, par sa parfaite maîtrise de la technique, le coach aide le coaché à se trouver, à trouver ses bonnes cadences, ses attitudes justes, ses allures justes, repérant les difficultés et les palliant par un procédé adapté, dosant savamment les exercices et les assouplissements en fonction de l’état physique et moral du coaché. »

Ce qui est intéressant dans cette nouvelle phrase est qu’elle pointe le fait que le mouvement impulsé ne concerne pas uniquement le mental du coaché mais implique l’intégralité de son corps. L’état physique et moral étant intimement liés, le coach doit donc être aussi attentif aux modes d’expression non verbales (position, gestuelle, voix, respiration, mouvement, signes de tensions…) qu’aux paroles. Il doit dès lors, mettre à disposition du coaché ses 11 compétences (et sa palette d’outils complémentaires) pour créer une relation de confiance permettant une totale détente du corps et de l’esprit, condition nécessaire à l’accueil du mouvement à venir.


Une troisième étape où le rythme s’en mêle


Les gestes sont appris, les corps et les têtes sont assouplis et détendus, nous voilà donc au seuil de la troisième étape, qui va nous mener à la danse. Cette étape est celle du rythme et de la posture (position), les deux derniers éléments indispensables à l’harmonie de la relation.

Le Général L’Hotte, écuyer en chef du Cadre Noir, a magnifiquement décrit comment, selon lui, le cavalier peut atteindre cette état d’harmonie avec son cheval :

« Dans la pratique de la haute équitation, la position que le cavalier doit observer est la position académique, qui ne devra s'altérer à aucun moment du travail. Dans les changements de direction, pour rester en parfaite harmonie avec le cheval, la disposition que le corps du cavalier doit affecter ne devra pas précéder celle que prend sa monture, ni même la suivre, mais l'accompagner. Il y a là une nuance que devra sentir le cavalier pratiquant l'équitation savante, et qui fait qu'il se liera de la façon la plus intime à son cheval. » (extrait de « Questions équestres »)

Si l’on continue à filer la métaphore équitation/coaching, on peut extraire de cette citation que pour danser avec son coaché, il faut porter une attention toute spécifique à la posture de coach qui ne doit « s’altérer à aucun moment du travail ». D’autre part, le coach ne devra ni anticiper, ni tenter de comprendre mais être totalement présent, dans l’exact ici et maintenant. Cette troisième étape ajoute donc la notion du temps à celle de l’espace (geste et mouvement) et nous précise l’importance d’être synchrone avec son partenaire et pleinement présent à chaque instant.


Pour conclure


Au cours de ce cheminement cavaliéro-coachesque, nous avons donc mis en lumière quels étaient les quatre éléments indispensables au coach pour créer une relation harmonieuse et dansante avec son coaché:

- La maîtrise des 11 compétences, et leur utilisation en toute conscience

- La préparation et l’impulsion d’un mouvement dynamique

- Une posture qui ne s’altère à aucun moment du coaching

- Une attention spécifique portée au rythme et à la présence de chaque instant

Quant à répondre précisément à la question de départ sur comment danser avec son coaché, on se contentera, pour finir, de s’inspirer des très beaux mots du Général L’Hotte :

Pour réussir à danser avec son coaché, il ne faut ni le précéder, ni le suivre, mais l’accompagner.

 
 
 

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